PEAU RETOURNEE, logement intermédiaires,
Montreuil 2000








Projet de logements « intermédiaires » dans un ancien verger à Montreuil en banlieue Parisienne.

En lisière urbaine, le site est un de ces rares fragments de campagne, rescapé de la spéculation. Ce petit paradis perdu, extrait de la ville derrière ses murs, mérite d’être généreusement offert au domaine public comme parc.

S’y intègre et s’y mélange une échelle intermédiaire entre le logement collectif et la maison individuelle dans un “mix” du privé, du commun et du public (friction, confrontation, juxtaposition, imbrication...).

La « maison et ses satellites », la « peau retournée » et les serres communes seront les outils, les instigateurs de ce mÉlAnGe.
Sur le principe éclaté de la ferme et ses dépendances, ce logement intermédiaire crée des liens intimes à l’échelle du territoire. Le concept de la maison et ses satellites (le grenier, la cave, l'atelier, le bureau, le boudoir,… etc) s'appuie sur l'idée d'une affection résiduelle. Le chemin de votre chambre à votre cuisine ou votre salon vous appartient ; celui entre chez vous et votre travail aussi, mais moins, affectivement seulement (des repères, des habitudes, des détails, des secrets, des souvenirs…).
Pourtant la rue n'est pas à vous.
Imaginons donc le chemin de chez vous à chez vous, avec le couloir passant par la rue ou la rue croisant votre couloir. Ce chemin vous appartient, pas la rue.
C'est dans ce champs de force qui maintient le satellite en orbite autour du noyau, qu'il y a contact, friction, peut-être rencontre, échange avec la ville, avec l'autre et ceci dans un confort quasi-domestique .
L'hospitalité, et la notion même de propriété en sont bouleversées. Croiser, accueillir son voisin, le passant, redevient une pratique quotidienne.
Les limites privées et publiques, en progressive évolution seront petit à petit redéfinies par l’histoire de chacun, à la rencontre de l’autre. L’amorce est donnée, les usages suivront.

La façade de béton n’est pas traitée en membrane hermétique entre domaines privé et public, mais assure la porosité de cette limite.
Dedans-dehors, la peau intérieure se retourne, et s’offre comme support à l’appropriation.
La texture extérieure des murs, pré-percée, permet de coloniser l’extérieur. Une trame aléatoire de chevilles attend les vis et crochets des futurs usagers. Ils pourront ainsi tendre, suspendre, accrocher, selon leurs désirs, tisser des liens avec leurs voisins et afficher leur identité

La serre commune, (élément standard, préfabriqué, en polycarbonate semi-transparent) est un générateur bioclimatique ainsi que l’espace collectif d’entrée et de distribution, un élément de confort social assurant une transition progressive du public au privé.

Microclimax, Benjamin Jacquemet, Carolyn Wittendal avec Fabien Barthélémy