En lisière urbaine, le site est un de ces rares
fragments de campagne, rescapé de la spéculation. Ce
petit paradis perdu, extrait de la ville derrière ses murs,
mérite d’être généreusement offert
au domaine public comme parc.
S’y intègre et s’y mélange
une échelle intermédiaire entre le logement collectif
et la maison individuelle dans un “mix” du privé,
du commun et du public (friction, confrontation, juxtaposition, imbrication...).
La « maison et ses satellites », la « peau
retournée » et les serres communes seront les outils,
les instigateurs de ce mÉlAnGe.
Sur le principe éclaté de la ferme et ses dépendances,
ce logement intermédiaire crée des liens intimes à l’échelle
du territoire. Le concept de la maison et ses satellites (le grenier,
la cave, l'atelier, le bureau, le boudoir,… etc) s'appuie sur l'idée
d'une affection résiduelle. Le chemin de votre chambre à votre
cuisine ou votre salon vous appartient ; celui entre chez vous et votre
travail aussi, mais moins, affectivement seulement (des repères,
des habitudes, des détails, des secrets, des souvenirs…).
Pourtant la rue n'est pas à vous.
Imaginons donc le chemin de chez vous à chez vous, avec le couloir
passant par la rue ou la rue croisant votre couloir. Ce chemin vous appartient,
pas la rue.
C'est dans ce champs de force qui maintient le satellite en orbite autour
du noyau, qu'il y a contact, friction, peut-être rencontre, échange
avec la ville, avec l'autre et ceci dans un confort quasi-domestique
.
L'hospitalité, et la notion même de propriété en
sont bouleversées. Croiser, accueillir son voisin, le passant,
redevient une pratique quotidienne.
Les limites privées et publiques, en progressive évolution
seront petit à petit redéfinies par l’histoire de
chacun, à la rencontre de l’autre. L’amorce est donnée,
les usages suivront.
La façade de béton n’est pas
traitée en membrane hermétique entre domaines privé et
public, mais assure la porosité de cette limite.
Dedans-dehors, la peau intérieure se retourne, et s’offre
comme support à l’appropriation.
La texture extérieure des murs, pré-percée, permet
de coloniser l’extérieur. Une trame aléatoire de
chevilles attend les vis et crochets des futurs usagers. Ils pourront
ainsi tendre, suspendre, accrocher, selon leurs désirs, tisser
des liens avec leurs voisins et afficher leur identité
La serre commune, (élément standard,
préfabriqué, en polycarbonate semi-transparent) est un
générateur bioclimatique ainsi que l’espace collectif
d’entrée et de distribution, un élément
de confort social assurant une transition progressive du public au
privé.
Microclimax, Benjamin Jacquemet,
Carolyn Wittendal avec Fabien Barthélémy